La Médiation Animale consiste à mettre l’animal au cœur d’un projet concernant un/des bénéficiaire(s) humain(s), et de l’inclure dans un travail thérapeutique pour l’atteinte d’un objectif .

Aujourd’hui, nous allons voir comment j’ai pu m’appuyer sur les différences entre mes deux chiens pour travailler, notamment auprès d’enfants, à l’acceptation des différences et impulser un profond travail de changement d’attitude.

Constat et analyse des différences

Ma présence avec ces deux chiens permet, dans le premier temps de  ce travail thérapeutique, d’identifier et énoncer des différences entre Iska et Olaf. Nous constatons avec les enfants que mes deux chiens présentent des caractéristiques bien différentes :

• la couleur de la robe : l’une tend vers le roux, l’autre est plutôt de couleur « sable »,
• l’âge : Iska est plus âgée qu’Olaf
• le sexe : Iska la femelle et Olaf le mâle,
• les centres d’intérêt et la personnalité : Iska la joueuse et Olaf le gourmand,
• la taille et l’allure globale s’expliquant par la différence des lignées d’origine,
• etc …

Maintenant que la notion de différence est actée, se pose plusieurs questions :

• ces différences ont-elle impacter leur  relation ? Si oui, en quoi ?
• Ces différences les opposent-ils ? Sont-elles source de conflit ?

Autrement dit, de manière plus globale, nos différences impliquent-elles divergences et conflits ?

Une simple observation de quelques minutes suffit pour affirmer que, malgré leurs multiples différences, aucune tension n’existe entre les deux chiens. Ils sont tranquilles et se côtoient sans problème, bien que n’étant pas issus d’une même fratrie, et que n’ayant pas demandé à être ensemble dans la même maison, ni avec la même maitresse ….

Ils cohabitent, ils ont appris à se connaître, chacun respectant l’autre et son comportement ….

Lors de ces séances avec les enfants, ceux-ci peuvent constater que les chiens sont attentifs à mes consignes, et attendent sagement de les rencontrer. Les chiens sont sages, obéissants, tout en étant pleins d’amour et d’attention délicate envers ces enfants. Et ils savent qu’après, ils pourront varier les plaisirs : se promener, courir, jouer ensemble, dormir …

La verbalisation des ces éléments est importante, car les enfants, finalement, vivent des situations similaires. En effet, ces enfants sont ensemble plusieurs heures par jour :  fille/garçon, n’ayant pas le même tempérament, pas toujours les mêmes origines, pas les mêmes problématiques, pas forcément les mêmes centres d’intérêt…. Et pourtant, ils se retrouvent réunis dans un même endroit sans qu’ils l’aient vraiment choisi…. et doivent apprendre à cohabiter. La mise en mots est fondamentale : elle leur permet de s’identifier à ces animaux qu’ils aiment tant.

 Exemple comportemental des chiens

En management, on parle souvent de « l’exemple comportemental » du responsable :

• un responsable ponctuel sera « légitime » pour exiger de la ponctualité chez ses collaborateurs
• un responsable peu respectueux induira, consciemment ou non, des attitudes peu respectueuses des collaborateurs envers lui, et/ou envers ses collègues.

Ainsi en Médiation Animale, l’observation par les enfants, les explications, l’analyse, ainsi que la mise en mots que je peux proposer, constituent la base de cet « exemple comportemental canin », et sonnent comme une invitation à faire de même, voire une invitation à un changement radical.

La relation affective tissée entre chaque enfant et les chiens lui servira de fondement motivationnel pour enclencher une modification de comportement. Puis elle servira de support, de fil conducteur, soutiendra la détermination et les efforts de celui/ celle qui s’inscrit dans une telle « démarche d’amélioration ».

Solutions proposées

Solliciter un changement d’attitude chez un enfant, faire germer cette décision…. constituent une première étape indispensable.

Et après ? Comment se comporter lorsqu’une situation/difficulté se présente pour ne pas réagir comme on a l’habitude de réagir ?

Là encore, les animaux sont des bons enseignants.

M’appuyant sur les exemples comportementaux de mes chiens, j’explique aux enfants, avec des mots adaptés à leurs capacités, des éléments simples relatifs aux signaux corporels des chiens, ou des attitudes spontanées :

• Si Olaf ou Iska se sentent mal à l’aise, ils viennent me voir. Bien que ne disposant pas de la « parole verbale », ils possèdent la « parole corporelle ». Ils ont donc intégré qu’il n’est point besoin pour eux d’aboyer, de hurler, de se chamailler avec l’autre chien pour que je suis attentive. Leur approche corporelle est plutôt douce : ils ne me sautent pas dessus, en exigeant, en revendiquant …. Ils viennent simplement me toucher la main ou le bras avec leur museau. Ils savent qu’ils vont obtenir de l’attention de ma part pour répondre à leur besoin, entendre des paroles gentilles, rassurantes, valorisantes… ou  recevoir une caresse, sentir une main douce sur leur tête, ou sur leur corps.
• Dans un autre domaine, les enfants peuvent être témoins d’une difficulté que rencontre Iska pour réaliser une commande => Olaf viendra alors l’aider. Et inversement.
• Je leur parle également de la communication entre deux chiens, expliquant qu’une attention réciproque des deux animaux est nécessaire pour évaluer l’état émotionnel de l’autre, ainsi que l’évolution de celui-ci. Ainsi, chez certains animaux, un manque d’attention à l’autre, et/ou une mauvaise acquisition des bons codes, peuvent souvent provoquer des bagarres.

Tout cela va inviter les enfants à suivre l’exemple des chiens, à « adopter le même comportement » qu’eux. Ainsi un important et profond travail va se faire autour du respect, de l’attention à l’autre, de la complémentarité, de l’entraide, de la tolérance,

Analyse

La Médiation Animale, c’est être en connexion avec les chiens (pour ce qui me concerne), et se servir du « Support Chien » pour enseigner, convaincre, corriger…. en douceur, en prenant appui sur le lien affectif fort qui s’est tissé entre l’enfant et l’animal. Ainsi j’émets l’hypothèse que, en cas de tensions, conflits, etc, le fait de rappeler aux enfants le comportement des chiens à leur égard, vis à vis de moi et entre eux, va les inviter, petit à petit, à agir autrement, et va les aider à modifier, à leur rythme, leur comportement. Cela est d’autant plus valable vis à vis des enfants ayant des difficultés à gérer leurs émotions, parce qu’étant justement plus sensibles, ils sont plus réceptifs et plus impliqués dans la relation aux chiens.

Tout ce travail, impulsé en présence des chiens, se réalise en collaboration avec les équipes, qui, pour la grande majorité, sont pleinement investies dans les projets de Médiation Animale. Ceci est important que ce soit lors des séances, et également au-delà, c’est à dire en l’absence des chiens. Cette implication procure aux enfants un effet « rémanent » des séances (malgré l’absence des animaux). Il peut s’agir simplement de reparler des chiens, de s’en  souvenir, ou de les rendre « présents » par différents moyens/ activités centrés autour des chiens. Chaque structure a trouvé une variété d’idées allant dans ce sens.

Conclusion

C’est ainsi que l’exemple comportemental des chiens pourra servir de repère et être repris par l’équipe lorsque des tensions éclatent. Se remémorer la frimousse des chiens, raviver la mémoire des enfants, mémoire affective et sensorielle en lien avec les moments passés en compagnie des chiens, pourront aider à apaiser, détourner les tensions, et surtout à permettre l’expression de leurs émotions/ malaises de façon plus ciblée.

Apprendre à travers les chiens, constitue une leçon fondamentale en terme de sociabilité et de sociabilisation : faire de nos différences, non une source de tension, ou un support de rivalité, mais plutôt une occasion d’entraide et de complémentarité pour construire quelque chose ensemble, avancer dans un but commun et atteindre ensemble un objectif.